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Sainte Catherine naquit à Sienne, en 1347. Prévenue de grâces extraordinaires dès l'âge le plus tendre, à sept ans elle fit le vœu de virginité perpétuelle, et à douze ans elle sut résister aux instances qu'on lui faisait pour la marier.
Sur une révélation divine, elle décida de se consacrer à Dieu en embrassant la règle du Tiers-Ordre de saint Dominique dont elle reçut l'habit, à l'âge de quinze ans. Dès lors elle s'avança à pas de géant dans les voies de la perfection. Sa vie unit au plus haut point les deux caractères de la famille dominicaine : l'action et la contemplation.
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Son union à Notre-Seigneur est des plus intimes. Jésus la forme lui-même à la vie intérieure, il lui apprend à lire et à écrire, il récite l'office divin avec elle, il l'incorpore à sa douloureuse Passion ; il lui donne les stigmates de ses blessures ; il lui prend son cœur et met le sien à sa place ; il célèbre avec elle des noces mystérieuses, symbole resplendissant de leur amour mutuel. Catherine en défaille de douceur. Sa vie, qui n'est plus qu'une souffrance perpétuelle, elle la, répand goutte à goutte pour le salut de l'Église. Ce n'est vraiment plus elle qui vit, c'est le Christ qui vit, qui agit, qui parle en elle.
Aussi le démon l'assaille à tout instant : il voit en cette jeune fille un adversaire des plus redoutables. Elle eut raison de tous ces assauts. Ses veilles, ses jeûnes et toutes ses pratiques de pénitence surpassaient ce que peuvent les forces humaines.
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Chasse de Sainte Catherine de Sienne
Rome - Basilique Sainte Marie Minerva
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Catherine ne pensait qu'à se dérober aux regards du monde. Lorsque notre Seigneur lui ordonna de s'occuper activement du salut des âmes : Il ne l'a fait monter si haut que pour lui donner cette mission étonnante pour une humble femme, de travailler à la paix de l'Église : elle persuada le pape Grégoire XI de quitter Avignon et de retourner à Rome et prit dans les affaires les plus graves de l'Église une place prépondérante.
Victime de son zèle et consumée par les flammes du divin amour, Catherine mourut à Rome, le 29 avril 1380, à l'âge de trente-trois ans. Paul VI l'a proclamée Docteur de L'Eglise en 1970.
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CHAPITRE XII
FIANCAILLES MERVEILLEUSES DE CATHERINE AVEC LE
SEIGNEUR QUI L'EPOUSE DANS LA FOI ET LUI DONNE
POUR GAGE UN ANNEAU MIRACULEUX.
L'âme de notre sainte croissait, chaque jour, en la grâce de son Créateur. Elle volait plus qu'elle ne marchait dans le chemin de la vertu. Son cœur s'éprit du saint désir d'avoir et d'atteindre le degré parfait de la foi, afin que, par ce moyen, immuablement soumise à son Époux, dans une inviolable fidélité, elle lui devint encore plus agréable. A l'exemple des disciples ( Lc, 17,5)1, elle se mit donc à demander au Seigneur qu'il voulût bien lui donner une foi plus grande, si solide que nulle force contraire ne pût la briser et l'abattre. Elle entendit alors dans son âme cette réponse du Seigneur : " Je t'épouserai dans la foi. " Souvent et longtemps la vierge répéta la même prière, et toujours le Seigneur renouvelait la même réponse.
On était aux jours qui précèdent le carême. Au moment de cesser l'usage de la chair et des aliments gras, les fidèles célèbrent alors une fête toute mondaine qu’on pourrait appeler "la fête du ventre ". Notre sainte, recueillie dans le secret de sa cellule, cherchait, dans le jeûne et la prière, le visage de l'éternel Epoux, et répétait avec une grande ferveur et plus d'instance que jamais la prière que nous avons dite. Le Seigneur lui répondit : " Tu as rejeté loin de toi et fui à cause de moi toutes les vanités de ce monde; méprisant toutes les délectations de la chair, tu as mis en moi seul le plaisir de ton cœur. Voilà pourquoi, en ce temps, où toutes les autres personnes de ta maison sont à la joie de leurs festins et fêtent leur corps, j'ai voulu, moi aussi, célébrer solennellement avec toi la fête des épousailles de ton âme. Ainsi que je te l'ai promis, je veux t'épouser dans la foi. " Le Seigneur parlait encore, quand apparurent la Vierge, sa très glorieuse Mère, le bienheureux Jean l'Évangéliste, le glorieux Apôtre Paul, le très saint Dominique, Père de la religion à laquelle appartenait Catherine, et avec eux tous, le Prophète David ayant en main son harmonieux Psaltérion. Pendant que cet instrument résonnait sous les doigts du saint roi, avec une suavité qui dépasse toute imagination, la Vierge, Mère de Dieu, prit avec sa main très sainte la main de notre vierge, en étendit les doigts vers son Fils et lui demanda qu'il daignât épouser Catherine dans la foi. Le Fils unique de Dieu, faisant un signe tout gracieux d'assentiment, présenta un anneau d'or, dont le cercle était orné de quatre perles, et dont le chaton renfermait un diamant d'incomparable beauté. Avec sa main droite, il mit cet anneau à l’annulaire de la main droite de notre vierge et lui dit : "Voici que moi, ton Créateur et ton Sauveur, je t'épouse dans une foi que tu conserveras sans aucune atteinte " jusqu'au jour où tu célébreras, dans les cieux avec moi, des noces éternelles. Courage donc, ma fille, accomplis désormais virilement et sans aucune hésitation toutes les œuvres que l'ordre de ma Providence te remettra entre les mains. Parce que tu es armée de la force de la foi, tu triompheras heureusement de tous tes adversaires. Après ces paroles, la vision disparut, mais l'anneau resta toujours au doigt de Catherine, visible pour elle seulement, invisible pour les autres. Elle m'a confessé, en rougissant, qu'elle voyait toujours cet anneau à son doigt, et qu'il n'était pas de moment où elle ne l'aperçut.
Et maintenant, lecteur, si vous vous rappelez cette autre Catherine martyre et reine, qu'on dit avoir été épousée par le Seigneur après son baptême, comprenez-vous que vous avez ici une seconde Catherine, vraiment bienheureuse d'avoir été si solennellement épousée par ce même Seigneur, après tant de victoires sur la chair et sur l'ennemi. Que si vous considérez les détails de l'anneau, vous verrez comme ce signe répondait bien à la réalité qu'il signifiait et symbolisait. Catherine demandait une foi forte; quoi de plus fort que le diamant. Il résiste à toute dureté, il brise et ronge les corps les plus durs, et n'est brisé que par le sang de bélier (Cette affirmation, empruntée aux idées populaires du temps, est d'un symbolisme trop gracieux pour que nous reprochions au Bienheureux de n'en avoir pas contrôlé la vérité, avant de s'en servir.). Le cœur qui vit de la foi abat et surmonte dans sa force, tout obstacle; mais, au seul souvenir du sang du Christ, il est tout amolli et brisé. Les quatre perles de l'anneau désignent les quatre puretés de la vierge, pureté d'intention, de pensée, de parole et d'action. La vérité de tous ces symboles, déjà manifestée par ce que nous avons dit, apparaîtra mieux encore dans ce que nous dirons plus loin, avec la grâce de Dieu.
Pour moi, je pense que ces épousailles ont été la confirmation en grâce de l'âme de Catherine. Le signe de cette confirmation était cet anneau visible pour elle, et non pour d'autres. C'est ainsi que, devant procurer le salut d'un grand nombre d'âmes, au milieu des flots agités du monde, elle put avoir pleine confiance dans le secours de la grâce divine, et n'eut plus à craindre de faire naufrage, en arrachant les autres aux vagues. En effet, d'après l'avis et l’enseignement des saints Docteurs, quand le Dieu tout-puissant, par un privilège tout spécial, révèle dès cette vie à certaines âmes, qu’elles Lui sont agréables, c'est surtout parce qu'il veut les envoyer combattre contre ce siècle mauvais, pour l'honneur du nom divin et le salut des âmes. Nous en avons un exemple manifeste dans les Apôtres, qui, au jour de la Pentecôte, reçurent tant de signes de la grâce qui leur était concédée, et dans Paul, auquel il a été dit: "Ma grâce te suffit (1 Co 12,9) " et qui reçut, dans l'intérêt de l'humanité, d'autres assurances encore. Notre sainte, en vertu d'une mission qui la mettait en dehors de la condition des autres femmes, devait, elle aussi, aller au monde pour l'honneur de Dieu et le salut de beaucoup d'âmes, ainsi que nous l'expliquerons tout à l'heure, avec la permission du Seigneur. Elle reçut en conséquence un signe de sa confirmation en grâce, afin d'accomplir plus audacieusement et plus virilement les œuvres que Dieu lui confiait. Cette grâce eut cependant pour elle un caractère tout particulier. Les signes donnés aux autres furent transitoires et n'ont apparu qu'un moment. Celui qu'elle reçut fut permanent et stable; il était toujours sous ses yeux. Je pense que le Seigneur en a agi ainsi à Cause de la faiblesse du sexe de notre sainte, de ta singulière nouveauté de sa mission, et des dangers particuliers à notre siècle, toutes choses qui semblaient s'opposer à l'exécution des œuvres mandées par Dieu à Catherine. Elle avait donc besoin d'être davantage et plus constamment réconfortée dans ses saints travaux.
Enfin apprenez, lecteur, qu'ici je dois finir la première partie de cette histoire, puisqu'ici finit pour notre sainte la vie de silence et de clôture. Avec le concours du Seigneur, nous allons commencer la seconde partie. Elle contiendra tout ce que Catherine a fait parmi les hommes pour l'honneur de Dieu et le salut des âmes, alors que, dans tous ses actes, régnait toujours Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui, avec le Père et l'Esprit bienfaisant, vît et règne dans les siècles des siècles.
Ainsi soit-il.
priere de sainte Catherine de Sienne
XXIII - Prière faite par sainte Catherine pendant l'extase qui suivit sa communion, le jour de la Conversion de saint Paul, en 1377. Elle fut recueillie par le bienheureux Raymond, son confesseur.
Cette prière ne se trouve pas dans la version latine.
1.- O Trinité éternelle, Dieu unique, Dieu un en essence et trine en personnes, permettez-moi de vous comparer à une vigne qui a trois rameaux. Vous avez fait l'homme à votre image et ressemblance. Par les trois puissances qu'il, a en son âme, il ressemble à votre Trinité et à votre unité. Et pour ajouter à cette ressemblance, par la mémoire, il ressemble et s'unit au Père, auquel on attribue la puissance ; par l'intelligence, il ressemble et s'unit au Fils, auquel on attribue la sagesse ; par la volonté, il ressemble et (424) s'unit au Saint Esprit, auquel on attribue la clémence, et qui est l'amour du Père et du Fils.
2.- O Paul, saint Apôtre, vous avez bien connu cette vérité. Vous saviez parfaitement d'où vous veniez, où vous alliez ; non seulement où vous alliez, mais par quel chemin vous alliez , car vous avez connu votre principe et votre fin, et par quelle voie vous alliez à votre fin. Aussi, vous avez uni les puissances de votre âme aux personnes divines. Vous avez uni votre mémoire au Père, en Vous rappelant parfaitement qu'il est le principe d'où procède toutes choses, non seulement les choses créées, mais encore, en leur manière, les personnes divines. Et par conséquent, vous n'avez pas douté qu'il ne fût votre principe.
3.- Vous avez uni la puissance de votre intelligence au Fils, le Verbe, en comprenant parfaitement l'ordre qui ramène les choses créées à leur fin, qui est le même principe réglé par la sagesse du Verbe. Et pour que cela fût plus clairement manifesté, le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi nous, afin qu'étant la Vérité, il traçât par ses oeuvres la voie qui conduit à la vie pour laquelle nous étions créés, et dont nous étions privés.
4.- Vous avez uni votre volonté au Saint Esprit, en aimant parfaitement cet amour, cette clémence que vous voyiez être la cause de votre création et de tous les dons gratuits que vous aviez reçu ; et vous saviez que cette divine clémence agissait toujours uniquement pour votre bonheur et votre sanctification.
5.- En ce jour le Verbe vous convertit de l'erreur à la vérité ; vous avez reçu la grâce d'un ravissement où vous avez vu la divine Essence en trois personnes. Lorsque cette vision finit, et que vous êtes revenu à votre corps ou à vos sens, vous êtes resté revêtu seulement de la vision du Verbe incarné, et en la méditant vous avez compris que ce Verbe incarné, par ses souffrances continuelles, avait été la gloire de son Père et notre salut.
6.- Alors vous êtes devenu avide et affamé de souffrances ; vous oubliiez tout le reste, et vous confessiez que vous ne saviez autre chose que Jésus, et Jésus crucifié. Comme dans le Père et dans l'Esprit Saint ne peut se trouver la souffrance, vous paraissiez oublier ces deux Personnes divines, et vous disiez que vous ne connaissiez que le Fils (425) Jésus, qui souffrit de si grands tourments ; vous ajoutiez : Jésus crucifié.