La Transverbération de sainte Thérèse (ou Sainte Thérèse en Extase ou L'Extase de Sainte Thérèse) est un chef-d'œuvre sculpté dans du marbre par Gian Lorenzo Bernini, placé dans l'écrin de la Chapelle Cornaro de Santa Maria Della Vittoria à Rome dont il a conçu entièrement l'architecture, la construction et la décoration.
L'ensemble a été achevé en 1652 pour la somme, exorbitante à l'époque, de 12 000 écus et réalisé sous la surveillance du Bernin, alors dans sa maturité, sous le pontificat d'Innocent X, à une époque où la participation du sculpteur aux dépenses folles qu'avaient faites pour ses débauches le pape précédent Urbain VIII (Barberini), l'avaient privé de l'appui pontifical. Le cardinal Federico Cornaro, fils d'une famille noble vénitienne, avait choisi l'église des carmélites déchaussées comme chapelle funéraire. La chapelle choisie montrait d'abord saint Paul en extase que le Cardinal fit remplacer par celle qui avait été récemment canonisée (1622) et était la première carmélite à l'avoir été.
La chapelle, summum de l'architecture baroque, est une explosion de marbres polychromes, de métal doré et de détails à la plastique savamment étudiée. La lumière zénitale est filtrée légerement à travers une fenêtre au-dessus de Thérèse et est dirigée par des rayons dorés vers la statue de marbre blanc qui la reflète dans la pamoison des plis et surplis de la robe de bure. Le dôme couvert de fresques donne l'illusion d'un ciel rempli de chérubins avec la lumière qui descend du Saint-Esprit symbolisé par une colombe.
Vue d'ensemble de la Chapelle Cornaro et de la Transverbération de sainte Thérèse. Notez les « spectateurs » sur les côtés, confortablement installés dans leurs « loges ».
Les deux personnages principaux de la sculpture tirent leur origine d'un passage écrit par Thérèse d'Avila dans son autobiographie publiée sous le titre la Vie de sainte Thérèse de Jésus (1515-1582), une mystique cloîtrée, carmélite déchaussée, réformatrice et religieuse (1622). On y trouve décrites des visions divines, y compris celle où elle a vu un ange jeune, beau et chatoyant debout à côté d'elle :
Visage de Thérèse d'Avila en extase.
- « J'ai vu dans sa main une longue lance d'or, à la pointe de laquelle on aurait cru qu'il y avait un petit feu. Il m'a semblé qu'on la faisait entrer de temps en temps dans mon cœur et qu'elle me perçait jusqu'au fond des entrailles; quand il l'a retirée, il m'a semblé qu'elle les retirait aussi et me laissait toute en feu avec un grand amour de Dieu. La douleur était si grande qu'elle me faisait gémir; et pourtant la douceur de cette douleur excessive était telle, qu'il m'était impossible de vouloir en être débarrassée. L'âme n'est satisfaite en un tel moment que par Dieu et lui seul. La douleur n'est pas physique, mais spirituelle, même si le corps y a sa part. C'est une si douce caresse d'amour qui se fait alors entre l'âme et Dieu, que je prie Dieu dans Sa bonté de la faire éprouver à celui qui peut croire que je mens. (Chapitre XXIX, 17e partie)
Certains critiques modernes expliquent les expériences religieuses proches de la syncope comme des phénomènes psychologiques qui relèvent de l'orgasme plutôt que comme des phénomènes spirituels [réf. nécessaire]. C'est surtout la position du corps de sainte Thérèse et l'expression de son visage qui ont conduit certains à les expliquer comme le signe d'un moment d'extase sexuelle [réf. nécessaire]. Aussi séduisante que soit une telle théorie les spécialistes du baroque les plus compétents la mettent en doute : comment le Bernin, qui avait suivi les exercices spirituels d'Ignace de Loyola, aurait-il eu des intentions aussi lubriques ?